Jean Gadrey " Le virus comme détonateur d’une crise économique et financière qui couvait"

Jean Gadrey est économiste et ancien professeur honoraire d'économie à l'Université Lille 1. Très critique envers la théorie néo-classique et la doxa néoliberale dominante, Jean Gadrey se consacre depuis quelques années à des recherches sur les indicateurs de richesse et les limites de la croissance économique. Il est membre d'Attac (Association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne), et collabore régulièrement avec le journal Alternatives Economiques dans lequel il tient un blog mais aussi avec Le Monde et Politis... C'est au tour de La Brique : Interview.

Si vous participez aux manifestations du mouvement social actuel, vous avez pu tous et toutes constater que certaines présences étaient plus remarquées que d’autres, voire changeaient carrément la teneur de l’ambiance : cortège de tête, cheminot.es, pompier.ères, etc.
Qu’est-ce que ça fait, d’être privatisé.es ? Pour les agent.es de quai de la SNCF rencontré.es par La Brique, la privatisation à venir signifie la destruction de leur travail et de leur identité. Annie a travaillé à Lille dans un kiosque info la plupart de sa carrière : elle est devenue du jour au lendemain poinçonneuse de billets à l’entrée des TGV, et ne sait pas de quoi la suite de sa carrière sera faite. Sandra fait de la vente au guichet dans une gare du Nord : elle voit ses tâches augmenter, de nouveaux règlements arriver sans formation préalable. Rencontre avec des personnes qui en bavent mais qui ne vont pas se laisser faire. Tou.tes dans la rue le 5 décembre !
Le 19 septembre dernier, le personnel des urgences du CHU de Lille a symboliquement mis en bière le service public de l'hôpital. Le cercueil a été porté jusqu'à l'Agence Régionale de la Santé
Pas besoin d’une rhétorique aiguisée pour chercher à convaincre de la menace que font peser les Gilets jaunes sur le pays. Quand il s’agit de défendre l’ordre établi, Le Monde, sacro-saint quotidien de référence, n’hésite pas à s’adonner aux pratiques journalistiques de bas étage : le micro-trottoir sélectif. On a cru à la parodie en lisant l’article publié le 12 janvier intitulé « À Lille, les gilets jaunes n’emmerdent pas les bonnes personnes ».
Ahhh, le malheur des déserts culturels s’abat une fois de plus sur Lille ! Le Biplan a fermé ses portes le week-end du 24 février après 20 ans d’existence, en organisant pour la dernière fois des concerts et des spectacles pensés pour être à l’image du lieu, connu pour sa programmation théâtrale et musicale. Son fonctionnement unique dans le paysage culturel lillois s’inscrivait à mi-chemin entre la salle de spectacle et le café-concert.
Au sortir de la guerre, Georges Orwell écrivait : « lorsque les fascistes reviendront, ils auront le parapluie bien roulé sous le bras et le chapeau melon. » Autrement dit, si vous guettez le retour des fascistes, ne vous fatiguez pas les yeux à scruter l’apparition de moustaches ou de costumes en cuir, ni à tendre l'oreille, attentifs au bruit des bottes sur le pavé, cherchez plutôt du côté des respectables. C'est en tout cas ce que conclut Ugo Palheta, sociologue à l'Université de Lille et auteur du récent ouvrage La possibilité du fascisme : France, la trajectoire du désastre.
Le mouvement des gilets jaunes nous questionne au sein de la rédac’. Dès le début du mouvement, les critiques tournent en boucle : ces gilets jaunes ne se mobiliseraient que pour leurs bagnoles, contre les taxes, bref, pour leur pouvoir d’achat sans autre considération politique et sociale. On entend aussi que c’est un mouvement de fachos, de petits patrons. Alors, on a mis le nez dedans, AG, blocage de ronds-points, papotes et discutes avec des gilets jaunes. Retour sur un mois de mobilisations à travers des épisodes vécus par la rédac’, à Lille et aux alentours. Morceaux choisis.
Un an après le grand mouvement de grève de l'an dernier à la SNCF, où en est-on ? Rappel : 2018, la SNCF se mobilise contre la loi ferroviaire du gouvernement Philippe, qui prépare la privatisation de l'entreprise. Les centrales syndicales, toutes mobilisées, font le choix discuté de la grève perlée : deux jours de grève tous les cinq jours. L'idée ? Tenir, ne pas se mettre à dos l'opinion publique (ou son expression supposée par les médias dominants), tirer les leçons des échecs précédents. Après un départ radical et convaincu, le mouvement s'essouffle pourtant, malgré plusieurs appels à reconduire la grève jour après jour. Aujourd'hui, la lutte redémarre. Pourquoi maintenant ? Que s'est-il passé entretemps ?
Il aura fallu 7 années avant que s’ouvre le procès des entreprises responsables de la mort de Vincent Dequin et Arthur Bertelli. Tous deux cordistes, tous deux victimes de leur travail, engloutis au fond d’un silo à sucre. Le 11 janvier 2019, les deux sociétés mises en cause dans le drame ont comparu devant le tribunal correctionnel de Reims. Elles ont été reconnues coupables d’homicides involontaires et de manquements aux obligations de sécurité. Pour les Cordistes, constitué.es en collectif, c’est le début d’une reconnaissance de la dangerosité de leur métier.
Un record. Avec 44% d’élèves scolarisé.es dans l’enseignement privé, de la maternelle à l’université, la métropole lilloise détient rien moins que le record de France en la matière, doublant la moyenne nationale qui s’élève à 22%. Dans des communes, comme Beaucamps-Ligny et Bondues, plus de 85% des élèves étudient dans des écoles privées. Des établissements privés à Roubaix, Tourcoing, Marcq, scolarisent plus de 2000 élèves qui se massent à l’abri des classes populaires. Comment expliquer ce phénomène ? Levons le voile, chiffres à l’appui, sur la réalité de cette ségrégation scolaire, particulièrement vivace dans la métropole.
Le secteur de l'action sociale, à force d'être méprisé et de se faire matraquer, a fini par se soulever. Les graves défaillances de la protection de l'enfance sont à l'origine de la colère des salarié.es. Grèves, actions, manifestations et une journée nationale de mobilisations dont Lille a été l'épicentre. Cette contestation inédite par son ampleur et par ses soutiens ne demande qu'à continuer de s'étendre.
Happychic est une entreprise de mode française qui appartient à la famille Mulliez et ne fait pas dans la dentelle : elle fait dans « le look qui vous ressemble ». Elle englobe les trois marques Jules, Brice ou Bizzbee. Neuf ans après sa création, l'heure de la rationalisation massive a sonné pour cette multinationale de la fripe.


