Paroles de mer
Rencontre avec Émilie et Thierry, deux personnalités, deux façons de pratiquer la pêche et de raconter le port de Boulogne.
Émilie. La trentaine, le regard fier et une force de caractère qui transparaît dès les premiers échanges. Affairée à la vente du poisson sur le quai Gambetta, elle gère la boutique du Surcouf, le nom du bateau que son mari dirige. C’est qu’elle a marié la mer par deux fois, Émilie : originaire de Tourcoing, elle a épousé son amour de vacances, « dans la pêche depuis toujours puisque son père aussi était marin-pêcheur ». « Je me suis lancée dedans car il fallait quelqu’un pour vendre le poisson ! J’ai appris le métier sur le tas : reconnaître les variétés, les écorcher. Mes voisines [de boutiques] m’ont appris. Une semaine pour savoir faire un filet ; une année de galère pour avoir des clients ».
Le tourisme comme coup de grâce
Sur le port, une étrange vision dans le bassin Napoléon : deux bateaux de pêche attendent la casse tandis que, tout autour, de nouveaux bateaux prennent place : la plaisance et le tourisme. Les nouveaux dadas des politiques.
La pêche en cale sèche
Premier port de pêche en France ! » à Boulogne, le slogan est partout, largement relayé par la municipalité et la Chambre de Commerce. Avec sa flottille de 150 bateaux, Boulogne devance encore les villes bretonnes en tonnes de poissons acheminés au port. Mais il est loin le temps ou la côte boulonnaise brillait par sa pêche aux harengs. Boulogne n’est plus un port de pêche, et n’a plus vocation à l’être.
Soleil vert pour Croissance bleue
Les poissons se font rares ? Les fonds marins défoncés par les chaluts ? Qu’à cela ne tienne. Scientifiques et écologistes ont les solutions que l’agro-industrie attendait pour continuer de marcher sur la tête. Plongée dans l’aquaculture et les mutations génétiques. Miam.
Au rayon frais des stratégies économiques régionales, la reconversion de la pêche boulonnaise dans l’aquaculture est en marche [1]. Après les porcs et les hommes, voici les poissons en batterie. Une fois finie la dépollution des sols, l’ancien site de production de ferromanganèse de Boulogne se convertira aux poissons d’élevage.
Dérèglements hivernaux au Marché de Wazemmes
Moi qui imaginais, avec ce reportage, découvrir le monde merveilleux de Wazemmes, celui qu’on aime, des cultures qui cohabitent, des étals colorés, des senteurs épicées, du bon fromage, des bières belges qu’on sirote, peinard, sur les terrasses de l’Oxford, des Tilleuls, du Relax, etc., je mettais les pieds dans un monde tout à fait différent. Difficile et parfois corrompu.

